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VIE ASSOCIATIVE 15 avril 2020

Coronavirus : le monde marchand privilégié face aux ASBL

Les annonces de mesures se succèdent à tous les niveaux de pouvoir. Pour autant, le soutien aux ASBL reste insuffisant. Yves Hellendorf, secrétaire national CNE Non-Marchand, juge la situation des maisons de repos critique. Nicole Crama, directrice adjointe du CESSOC, estime que les mesures favorisent le secteur marchand.

« Les mesures concernant le Non-Marchand sont clairement moins importantes en ce qui concerne les ASBL. » Pour Yves Hellendorf, secrétaire national CNE Non-Marchand. Un report de la TVA ? « Honnêtement, peu d’associations appliquent la TVA dans les ASBL. » Les protections contre les faillites ? « J’espère qu’il y en aura peu ! » 

Le piège du chômage temporaire

Les secteurs essentiels qui comptent beaucoup de personnel sont majoritairement du domaine non-marchand, ajoute le secrétaire national. « On veut éviter le piège qui est en train de se mettre en place : on essaye de mettre un maximum de gens en chômage temporaire pour leur dire ensuite que s’ils veulent garder leur salaire complet, ils n’ont qu’à travailler dans les maisons de repos ou les hôpitaux ! » A ses yeux, il s’agit d’un « chantage de héros prêt à tout faire. »

Pour en parler, la ministre de la Santé publique Maggie de Block et la Première ministre Sophie Wilmes n’ont pas répondu aux sollicitations de la CNE. La situation dans les maisons de repos est pourtant explosive. « On va se retrouver avec des résidents mal soignés : ceux qui ne mourront pas auront perdu un ou deux ans de leur vie, et attraperont des infections et des escarres, car il n’y a plus de kinés présents. » Le gouvernement fédéral sacrifie selon lui ces personnes pour garder des lits d’hôpitaux disponibles. « Or, dans les maisons de repos, le personnel aide les patients à vivre, mais ne les soigne pas. Ce sont deux métiers différents ! » 

Lire aussi : Chômage temporaire lié au coronavirus : suivez le guide

Le Marchand privilégié

Pour Nicole Crama, directrice adjointe du CESSOC, les aides passerelles et la prime unique sont souvent faites pour un modèle marchand. « Les restaurants de quartier du secteur socioprofessionnel comme le Sesame d’Auderghem subissent les mesures de confinement, mais ne bénéficient pas des mêmes aides qu’un restaurant avec le statut d’entreprise qui ferme juste à côté », dénonce-t-elle. 

Elle déplore également le flou autour des reconnaissances des ASBL sportives et culturelles. « Les pouvoirs subsidiants sont plus souples en matière d'obligations de reconnaissance, pour lesquelles un certain nombre d’activités ou de publications par an est nécessaire. L’engagement est pris, mais comme pour beaucoup de mesures, on ne sait pas exactement comment ça se passe. » Si la culture est soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’en est pas de même avec l’éducation permanente qui représente pourtant près de la moitié des membres du CESSOC. « Là aussi, le gouvernement fait beaucoup d’oublis, ou donne des mesures peu claires. »

Pour elle, il faut à très court terme réfléchir au déconfinement. « La réouverture des lieux de culture, de sport, de formation, d’éducation permanente est primordiale, notamment à cause des rassemblements que génèrent mes activités. Mais il faut faire valoir nos préoccupations au sein de la cellule d’experts construite récemment ; or je trouve que le Non-Marchand n’est pas correctement représenté au sein de ce groupe. Pour relayer nos positions auprès du fédéral, on a de grandes difficultés. »

À flot grâce aux subsides

Certaines ASBL comme l’AMO Mikado sont toutefois relativement épargnées par la crise sanitaire. « On a fait de la prévention avec nos jeunes de 0 à 22 ans, mais nous ne les hébergeons pas, ce qui signifie qu’il n’y a pas de contact entre eux », indique Armelle Delcourt, directrice de l’AMO. « Je n’ai mis personne au chômage, nous sommes tous en télétravail. Les subsides de la COCOF doivent arriver, et comme ils représentent quasiment les seules sources de financement, nous ne sommes quasiment pas plus touchés que cela. » Encore faut-il qu’ils arrivent à temps, conclut-elle.