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Réussir un partenariat : les témoignages d’ASBL

Quatre ASBL ont accepté de partager leur expérience de partenariats. Elles nous racontent ce que la collaboration avec d’autres associations leur apporte et surtout comment la mettre en place.

« Nous avons 1.163 partenaires et, chaque année, environ 200 d’entre eux nous sollicitent pour accompagner leurs bénéficiaires », explique Francine Wasukuldi, chargée de l’accompagnement ambulatoire au sein de l’ASBL Les Amis d’accompagner. En quelques années, le partenariat s’est imposé au sein de cette association de première ligne. « Le tissu associatif nous sollicite de plus en plus et aujourd’hui on est en manque de volontaires », souligne Francine Wasukuldi.

L’ampleur est telle que depuis 2011 l’association a même opté pour une organisation structurelle. Les ASBL qui souhaitent réaliser un partenariat doivent remplir un formulaire en ligne. « Puis on leur propose une rencontre pour leur expliquer notre service », raconte celle qui s’occupe de coordonner toutes les relations de partenariats.

Il arrive aussi souvent que la naissance d’une collaboration entre ASBL soit le fruit d’un heureux concours de circonstances. Cela a notamment été le cas pour l’ASBL DoucheFLUX (qui propose un accès à plusieurs services d’hygiène) et la Maison du Livre dans le cadre de Street and Read, un projet de bibliothèque mobile à vélo-cargo à la rencontre des gens qui vivent dans la rue. « En 2019, je suis tombé sur une annonce de DoucheFLUX qui cherchait des bénévoles pour le projet. Ça m’a tout de suite intéressé de faire cela dans le cadre de mon travail, c’était l’occasion pour nous de sortir de nos murs. J’ai proposé ce projet à ma hiérarchie en vue de faire un partenariat. Et l’idée a été acceptée », se souvient Christian Hublau de la Maison du Livre.

« Des propositions et des contacts différents »

Si au départ l’ASBL DoucheFLUX n’avait pas pensé à un partenariat, aujourd’hui elle s’en réjouit. « Cela nous permet de nous confronter à une autre vision. Christian nous apporte autre chose, il vient avec des propositions et des contacts différents », explique Serena Alba, coordinatrice de Street and Read au sein de DoucheFLUX. En 2021, les deux ASBL ont obtenu un financement de la Cocof pour le projet. Un premier contact avec l’institution avait alors été créé lors d’un événement rassemblant les bibliothécaires de Belgique où les deux ASBL étaient allées présenter le projet Street and Read. « Ici c’était le réseau de Christian. Le partenariat permet d’avoir des contacts dans d’autres secteurs », continue Serena Alba.

Les partenariats sont également une opportunité pour toucher un public plus large. « Le but de notre ASBL c’est de rendre les personnes autonomes. Grâce aux partenariats avec les autres structures, on sert les bénéficiaires, on élargit la mission de l’ASBL », explique Francine Wasukuldi de l’ASBL Les Amis d’accompagner.

La mise en commun des ressources

La mise en commun des ressources permet aussi de garantir un service plus adapté. Depuis peu, la bibliothèque de Saint-Gilles (à Bruxelles) a rejoint le projet Street and Read. « Cela nous permet de répondre à des demandes spécifiques qui viennent de la rue et d’avoir plus de choix de livres. On remplit encore mieux notre rôle de bibliothèque », raconte Christian Hublau.

Même constat du côté de l’ASBL Move, active dans la cohésion sociale, à Molenbeek. « Cela permet une complémentarité. Grâce au partenariat on peut répondre aux besoins qui ne font pas partie de notre mission », assure Mohamed El Ghalbzouri, directeur des services de proximité.

Il y voit également l’avantage de faire sortir le personnel « d’une routine parfois un peu léthargique ». « On est toujours sur un même quotidien et parfois on perd de vue le champ des possibles », continue-t-il. « Si le partenariat est bien construit et s’il répond à des objectifs qui ont du sens, c’est vraiment enrichissant ».

« Un partenariat bien construit »

Comment bien construire un partenariat ? L’ASBL Move, qui est une association communale bien ancrée sur le territoire, est généralement sollicitée par les autres structures. La première étape est donc de décider de s’engager ou non dans le partenariat. « Cela dépend de l’objet de l’ASBL, de ses missions, de ses objectifs. Est-ce que le projet accroche avec notre public ? Est-ce que c’est réalisable ? Nous devons aussi assurer notre programme annuel donc il faut voir les réelles possibilités. Eviter de faire un partenariat qui n’aboutirait pas », énumère Mohamed El Ghalbzouri.

Le directeur insiste sur l’importance d’avoir des partenaires fiables avec lesquels travailler sur la durée. « Considérant le public avec lequel on travaille, ce n’est pas toujours facile de dire ‘allez voir une autre ASBL’. On prend donc du temps pour travailler sur le partenariat entre les ASBL et sur la confiance entre les bénéficiaires et la structure partenaire ».

Convention ou pas convention ?

De son côté, l’ASBL Les Amis d’accompagner assure n’avoir jamais refusé un partenariat. En revanche elle a déjà mis fin à des collaborations car les conditions n’étaient pas respectées. L’ASBL a mis en place une convention qui « stipule ce qu’on offre et ce que nous attendons des partenaires. On leur dit clairement qu’on apporte du soutien mais sans remplacer leur personnel », explique Francine Wasukuldi. En plus, l’ASBL a mis en place une clause de sous-traitance du RGPD. L’association a rendu obligatoire la signature de ces deux documents pour pouvoir mettre en place le partenariat.

Lire aussi : RGPD : conseils pour les petites ASBL

La relation entre les ASBL DoucheFLUX et La Maison du Livre est également encadrée par une convention qui précise l’engagement dans le projet et les modalités pour s’en retirer. Un document nécessaire selon Christian Hublau. « C’est plus prudent et plus clair ». Aujourd’hui la collaboration entre les ASBL est fluide. « Nous sommes tous les deux clairement attribués au projet avec une liberté d’action accordée par la hiérarchie », explique Serena Alba. Ainsi, si on devait résumer le secret de la réussite en quelques mots : une bonne organisation.

Caroline Bordecq