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VIE ASSOCIATIVE 15 Février 2022

Les ASBL provinciales dans le viseur : l’heure du grand ménage ?

Le ministre wallon des Pouvoirs Locaux a décidé de passer au crible les ASBL provinciales afin de déceler les dysfonctionnements de certaines d’entre elles. C’est une récente enquête de la RTBF, mettant en lumière des ASBL à la gestion pour le moins douteuse, qui a motivé cette décision.

Les ASBL provinciales fonctionnent-elles correctement ? C’est la question à laquelle Christophe Collignon, ministre wallon des Pouvoirs Locaux, a décidé de répondre. D’ici le 31 mars prochain, les provinces devront donc communiquer un cadastre reprenant la liste des ASBL créées à leur initiative, recevant un subside récurrent de plus de 50.000€ ou bien ayant à disposition du personnel provincial. Ces informations permettront à l’administration du ministre wallon de procéder à un audit.

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À l’origine de cette opération, une enquête diffusée dans le cadre de l’émission Investigation sur la RTBF. La journaliste Christine Borowiak et son équipe ont notamment mis en lumière des irrégularités au sein de trois ASBL provinciales : l’ASBL du service social du personnel provincial namurois ; l’ASBL Teralis et un ancien conflit d’intérêt avec le centre Arthur Regniers dans le Hainaut.

Les révélations de la RTBF

Concernant l’ASBL du service social du personnel provincial namurois, l’équipe d’investigation de la RTBF a révélé l’existence de pas moins de 50 appartements sur les côtes belges et françaises appartenant à la province et mis à disposition de son personnel à des tarifs avantageux. Problème : la mauvaise gestion de l’ASBL – subsidiée en partie par la province - a provoqué une perte de 182.000€ en 2020 et 147.000 l’année précédente.  

Dans le Hainaut, l’ASBL Teralis, qui organise des voyages pour les personnes handicapées a également été épinglée. En effet, les données récoltées par les journalistes concernant le château de Collonges en France (propriété de la province et géré par l’ASBL Teralis) montrent que les personnes handicapées ne représentaient que 35% des nuitées, contre 65% du tourisme grand public en 2019. De plus, cette ASBL, subsidiée par la province, possède ses propres agences de voyage.

Enfin, toujours dans le Hainaut, c’est un conflit d’intérêt entre l’ASBL privée Vestric et le centre Arthur Regniers qui est révélé. Pendant près de 40 ans, l’ASBL a loué une partie du château Vestric - qu’elle gère - aux résidents du centre d’accueil des personnes handicapées pour qu’ils y passent des vacances. Problèmes : le baron Jean-Marie Bogaert était à la fois à la tête de l’ASBL Vestric et du centre Arthur Regniers, et les prix de location étaient largement gonflés.

D’autres irrégularités déjà révélées dans le passé

Si l’enquête de la RTBF a lancé un gros pavé dans la mare, ce n’est pas la première fois que les ASBL provinciales sont au cœur du scandale. En 2017, un scanning des ASBL de la Province de Hainaut a été lancé après les révélations quelques mois plus tôt sur les salaires perçus par Annie Taulet (PS) - présidente de l’ASBL Centre Informatique du Hainaut -, et Bernard Liébin (MR), comme vice-président. Le nombre d’ASBL para-provinciales (ASBL de catégorie 1) avait alors été réduit de moitié.

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Enfin en mars 2018, MonASBL.be s’intéressait à une association qui n’est pas financée par les provinces mais qui agit directement auprès d’elles :  l’Association des provinces wallonnes.  MonASBL.be avait alors mis en lumière une gestion opaque et des salaires pour le moins généreux de la part de cette association subventionnée par les gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.