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VIE ASSOCIATIVE 12 avril 2021

Les ASBL culturelles après un an de Covid : « On passe notre temps à faire et défaire »

Depuis un an les ASBL attendent de pouvoir repartir pour de vrai. En attendant, elles jonglent entre des activités qui les font « vivoter » et la préparation de l’après-Covid. Témoignages.

Le mois de mai sera-t-il enfin le mois du déconfinement pour les ASBL culturelles ? C’est en tous cas ce qu’a annoncé le gouvernement au mois de mars dernier. « On attend de voir si on pourra rouvrir. Mais dans tous les cas on a dû annuler nos spectacles de mai car les artistes n’ont pas pu répéter dans les bonnes conditions », nous confie Laura Douxfils, chargé de communication du Centre Culturel de Dinant.

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« C’est lourd en termes d’organisation »

Pour elle, le plus difficile depuis le début de la pandémie, c’est le manque de perspective. « On se prépare pour une réouverture et finalement c’est reporté. On passe notre temps à faire et défaire, non seulement c’est lourd en termes d’organisation mais en plus les artistes n’ont aucune perspective ».

Le même problème se pose pour les stages proposés par le Théâtre du Fou Rire, à Bruxelles. Là encore les règles concernant les activités pour les enfants n’ont pas cessé de changer. « On passe notre temps à informer les parents puis à les rembourser. A tel point que je leur ai demandé de ne plus verser les acomptes et de venir avec l’argent le premier jour du stage. C’est un risque pour nous mais sinon c’est trop le bazar niveau comptable. Ce sont des heures de boulot pour rien », raconte Cathy Thomas directrice artistique du théâtre.

« On réussit à vivoter »

Aujourd’hui ce sont justement ces stages qui permettent au théâtre « de vivoter, de payer les loyers. Et je dis bien vivoter », insiste Cathy Thomas. « Ça nous permet aussi de garder un lien, de rester présent ». Depuis le début de la pandémie, le théâtre a pu rouvrir pour trois dates. Mais comme c’étaient des spectacles qui avaient été reportés, donc déjà payés depuis longtemps, « ça n’a pas permis de mettre du beurre dans les épinards ».

Le Centre culturel de Dinant a lui pu maintenir un spectacle au mois d’octobre et quelques projections de films. Toutefois, en tant que centre culturel il continue de recevoir des subventions. « On n’est pas les plus mal lotis », reconnait Laura Douxfils. C’est pour cela que le centre essaie de proposer des reports plutôt que des annulations. « Et quand ce n’est pas possible on a des clauses dans les contrats pour payer une partie du cachet aux artistes ».

Désormais, le Théâtre du Fou Rire ne peut plus compter sur ses fonds propres. « On a reçu un subside de la commune d’Ixelles, qui n’a rien à voir avec le Covid, on attend des nouvelles du cabinet Linard pour ces fameuses primes entre 7.500€ et 15.000€ et là encore, je comptais là-dessus mais apparemment ce n’est pas acquis d’avance », explique Cathy Thomas.

Au niveau de la région bruxelloise, une nouvelle aide vient d’être approuvée. La prime « Tetra » s’adresse aux ASBL culturelles, sportives et touristiques.

Se réinventer, ça a aussi un coût

Dans ce contexte sanitaire et économique incertain, le défi est donc de se réinventer. « J’ai envisagé les spectacles en streaming au début du confinement mais si on veut les faire dans des conditions décentes et professionnelles, ça a un coût. Il faut minimum 20.000€ et sans prime de relance ce n’est pas possible », explique Cathy Thomas.

Des difficultés partagées par l’ASBL Columban. Le 14 mars dernier l’Espace culture a proposé une pièce de théâtre en streaming à l’occasion de la semaine des droits des femmes organisée par la ville de Wavre. Si l’ASBL reconnait que c’est une belle alternative, elle comporte toutefois ses limites. « Pour cette pièce on a reçu le financement de la ville mais sinon c’est un vrai enjeu financier. C’est un peu compliqué de faire payer les gens pour un spectacle en streaming et pourtant de notre côté on doit payer un caméraman et l’équipe est plus importante », nous explique Vincent Lehon, responsable communication au sein de l’ASBL.

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Du côté du Centre culturel de Dinant, c’est le manque de perspective qui pose encore un vrai problème. « On essaie aussi de se réinventer comme on peut mais c’est compliqué car tout fonctionne au compte-goutte », explique Laura Douxfils. L’ASBL a organisé de nouvelles activités avec des quiz et des jeux en ligne. Ou encore l’opération Paper Boy. « Les gens devaient réaliser un bonhomme en papier avec un canevas qu’on mettait à disposition et le prendre en photo dans une situation qui représente leur confinement. On en a fait une exposition qui est visible au centre, sur rendez-vous ». Et depuis le mois d’avril, le centre propose pour la première fois des stages pour les enfants et adolescents.

« C’est important de préparer l’après-Covid »

Maintenant, l’ASBL se projette déjà à cet été. « On réfléchit à des activités qu’on pourrait faire et qui soient compatibles avec des normes Covid. Ce n’est pas évident parce qu’on ne sait rien », reconnait la chargée de communication.

Du côté du Théâtre du Fou Rire aussi on prépare l’été. « En ce moment je suis en train d’établir un petit festival d’été en extérieur. Je travaille aussi sur des livres audios pour rebondir ensuite sur un spectacle », raconte Cathy Thomas. Et de conclure : « C’est important de préparer l’après Covid. Je ne veux pas me laisser contaminer par tout ce qui est pesant, il faut rester un peu optimiste et créatif ».

Caroline Bordecq