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VIE ASSOCIATIVE 4 novembre 2020

Les ASBL face au Covid : "S’appuyer sur les subsides et travailler autrement"

Manque de financement, public restreint, communication et convivialité mises à mal... Le coronavirus ne facilite pas la vie des ASBL. Entre les mesures et les protocoles, les associations s’adaptent non sans parfois une dose d’originalité pour poursuivre leurs activités. Première association à être interviewée dans le cadre de notre série "Les ASBL face au Covid" : le Royal IV Brussels, club de basket.

Notre série "Les ASBL face au Covid" :

Olivier De Roy est secrétaire au Royal IV Brussels, club de basket situé au centre de Bruxelles. Avec 25 équipes, 300 à 400 jeunes et une vingtaine d’entraineurs bénévoles, l’ASBL rassemble de nombreux joueurs et joueuses. En s’adaptant aux mesures tout en revoyant ses financements, le Royal IV Brussels s’est adapté pour poursuivre ses deux missions : enseigner le basket, mais aussi les choses de la vie.  

Entre protocoles et entraînements : s’adapter aux mesures 

MonASBL : La situation doit être un peu compliquée avec toutes les mesures et le confinement. Vous avez eu des soucis liés au coronavirus ?  

Olivier De Roy : Ce n’est pas simple, naturellement. On a fait attention à suivre les instructions, à suivre les protocoles. D’autant que le club est aussi gestionnaire de la taverne du Palais du Midi pour la Ville.  C’est une de nos prérogatives. Au niveau de l’Horeca, tout s’est donc arrêté. Mais à part ça, il n’y a pas eu de réels soucis liés au virus. Un des joueurs des deux équipes senior a été contaminé très vite, au début de la saison. Dès la reprise, ces équipes-là se sont donc arrêtées pendant 15 jours. 

MonASBL : L’organisation des activités ne doit pas être simple non plus... 

Olivier De Roy : À ce niveau, on s’est vraiment mis dans le mouvement du respect. Parfois, certains membres ne comprennent pas : soit ils disent que c’est un peu excessif, soit ils se plaignent parce qu’il y a moins d’activités... Quand il a été décidé qu’on ne pouvait plus avoir de contact au niveau des plus de 12 ans, on a divisé les groupes par deux. C’était le cas pendant trois semaines/un mois. Au lieu de deux séances par semaine, ils n’avaient plus qu’un entraînement. Ils se retrouvaient à six, maximum huit. Ça permettait à l’entraîneur de faire des exercices de shots mais aussi d’autres sans contact.

MonASBL : Et qu'en est-il des plus jeunes ?  

Olivier De Roy : Les autres groupes fonctionnent tout à fait normalement, excepté le fait qu’ils ne peuvent plus jouer de matchs. Les petits, soit les catégories U12, U10, U8 continuent leur programme habituel avec deux entraînements/semaine. Chaque fois qu’ils arrivent, ils entrent par un accès bien précis et doivent en ressortir par un autre. Ils arrivent avec le masque, ils repartent avec le masque. Ils se désinfectent. Au tout début on prenait leur température, maintenant on ne le fait plus. On leur demande comment ils vont et s’ils n’ont pas de soucis. Maintenant, très clairement, il y a des normes qui sont très difficiles à respecter. C’est le cas de la désinfection des ballons par exemple. C’est quasiment impossible de le faire tout le temps. Les enfants se désinfectent les mains avant et après, mais on ne peut pas être derrière chaque ballon... Ce n’est pas faisable.  

MonASBL : Avec autant de mesures, le lien doit être aussi difficile à entretenir... Arrivez-vous à conserver des rapports chaleureux, à conserver une dynamique de loisirs ?  

Olivier De Roy : Du moment que ça s’explique, la situation n’est pas trop difficile. Ici on est un club assez familial. La taverne n’est pas là pour faire de l’argent, elle est un lieu de convivialité. En général, les parents peuvent attendre pendant l’entraînement en discutant, en regardant la TV, en lisant ou en buvant quelque chose. Maintenant ce n’est plus possible. Alors quand il pleut ou quand il fait froid, ce n’est pas agréable... Mais les parents comprennent que ces mesures vont dans l’intérêt de tout le monde : d’eux, de leurs enfants... Ils comprennent que le club ne ferme pas la taverne par plaisir.  

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Saison interrompue : un geste pour compenser 

MonASBL : Étant donné que vous êtes quasiment le seul club au centre de Bruxelles, vous ne devez pas avoir trop de problèmes pour trouver des bénéficiaires, même en cette période difficile...  

Olivier De Roy : Oui, effectivement, la crise n’a eu aucun impact sur notre nombre d’affiliations. On a chaque année un turnover. C’est assez bizarre, il y en a toujours entre 50 et 100 sortants mais entre 50 et 150 nouveaux... 

MonASBL : Avec le confinement de mars, des parents vous ont-ils réclamé des compensations ?  

Olivier De Roy : À ce niveau-là, les parents n’ont pas du tout rouspété. Ni par rapport à cette saison, ni par rapport à la saison passée. Mais on a quand même fait un geste. Vu que la saison s’est arrêtée mi-mars, tous ceux qui se sont réinscris en septembre ont eu une réduction forfaitaire de 50€ sur une cotisation moyenne de 300€ pour la saison. On a fait ce geste d’office. Les parents n’ont donc pas été plus difficiles que ça. De temps en temps, certains font encore semblant de ne pas comprendre, mais on reste assez ferme. 

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“Apprendre le basket, apprendre la vie” 

MonASBL : Vous réussissez donc à maintenir l’état d’esprit global du club ? 

Olivier De Roy : Oui. Au Royal IV Brussels, on travaille sur l’éducation, sur l’uniformité. Par exemple, dans leurs cotisations, ils ont tous un pack équipement d’entraînement obligatoire, ils doivent tous être habillés de la même manière. C’est courant dans le foot, mais c’est assez rare en basket. On essaye aussi de lier au sport tout le travail éducatif : on ne doit pas être en retard ; si on ne s’entraîne pas, on ne joue pas les matchs... C’est de plus en plus difficile à notre époque de l’imposer, mais on s’y tient. On essaye que le projet mené ait un sens. Il est mené par des bénévoles. Ils y consacrent beaucoup de temps, il faut donc que ça ait un sens, et pas que ça soit uniquement le fait de jouer au basket pour battre l’adversaire. On veut qu’ils apprennent le basket autant que possible, mais qu’ils apprennent aussi la vie. Ça inclut le respect, la multiculturalité. Ici, à Bruxelles, la vie tourne clairement autour de la multiculturalité. Il y a de de tout et de toutes les nationalités. Et tout ça fait aussi partie du projet naturellement. 

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"A Bruxelles, le sport vit beaucoup des subsides"

MonASBL : Avec la réduction des cotisations et la fermeture de la taverne, les recettes ont dû baisser. La crise doit se faire ressentir financièrement...  

Olivier De Roy : Non, parce que la Ville s’est adaptée. La saison dernière, on avait payé les salles, mais on n’a pas pu les utiliser. Mais même si la Ville ne nous a pas remboursé, elle a déduit ces frais de cette saison-ci. Malgré tout, ce n’est pas l’idéal actuellement. Forcément, on ne va pas pouvoir continuer très longtemps comme ça. Il faut que la taverne fasse des rentrées d’argent. Les membres vont aussi se demander pourquoi ils payent pour une saison entière alors qu’ils ne peuvent plus s’entraîner. Mais pour l’instant, on ne peut pas dire qu’on a été vraiment impacté par la crise.  

MonASBL : Avez-vous bénéficié d’aides d’urgence ?  

Olivier De Roy : Oui. La Fédération Wallonie-Bruxelles a lancé un fonds d’urgence. J’ai entendu que 70% des clubs n’avaient pas répondu... Nous, on y a répondu. On a obtenu plus de la moitié de ce qu’on avait demandé. Mais c’est aussi connu, à Bruxelles, le sport vit quand même beaucoup des subsides. La Région comme la Ville donnent pas mal de moyens. Il reste à voir quelle politique elles vont adopter... Naturellement, des budgets sont adoptés. Mais en fonction de leurs moyens et de la réalité, elles vont peut-être revoir leurs positions... En tout cas, on attend toujours et on reste attentif.  

MonASBL : La situation ne doit pas être idéale pour l’ensemble de l’équipe. Avec l’arrêt de certaines activités, des bénévoles ont-ils dû stopper leur investissement ? 

Olivier De Roy : Oui. Nos équipes senior n’ont déjà plus d’activités depuis mi-septembre. Elles ne s’entraînent plus. Quelques joueurs allaient dans des salles, d’autres venaient shooter de temps à autre. Mais depuis la semaine dernière, certains entraîneurs n’ont plus d’équipe. Ils n’ont plus de rentrées, n’ont plus d’activités. Mais tout le monde sait que c’est par la force des choses. De toute façon, il n’y a pas de contrat au club. Il n’y a pas vraiment d’emploi. Il y a seulement un employé, mais c’est un contrat subsidié. Celui-là fonctionne donc. Mais il y a quand même des choses à faire ! Nous, on continue de travailler ! 

MonASBL : C’est vrai que l’ASBL continue de rouler administrativement... 

Olivier De Roy : Oui, au niveau du comité ça n’a pas tellement diminué. Les heures de présence ont été réduites. Et encore, seulement depuis la semaine dernière. Jusqu’ici, il y avait des entraînements tous les jours. Au niveau des activités, de la sécurité ou de l’éducation, on est omniprésent. On a un bureau sur place et on suit la situation. Il faut gérer les équipements, le matériel, la taverne... En plus, on a aussi des week-ends assez lourds. Parfois, on joue entre 15 et 20 matchs les samedis. Il y a donc toute une infrastructure autour... Mais on ne se plaint pas du tout de ça ! Ce ne sont que des constats ! On est habitué. Et puis, les bénévoles qui font ça, ils le font par passion !

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