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Construire son business plan associatif - Leçon 12 : réaliser le bilan de l'ASBL

Nous avons réuni toutes les pièces du puzzle : activités, publics, moyens, il ne reste plus qu’à les assembler pour former une image, celle de l’avenir financier de notre association. Une étape un peu plus austère qui fait appel aux notions de la comptabilité, qui ne font pas l’objet de cette leçon, mais dont Marc Thoulen, expert auprès de MonASBL.be, nous montre dans quelle mesure elles interviennent pour élaborer notre business plan. Premier volet, le bilan.

Dans la leçon consacrée aux moyens, on a allègrement mélangé ceux qui interviennent dans les dépenses et recettes courantes de l’ASBL, avec d’autres qui entrent ou sortent directement de son patrimoine. Les premières vont contribuer au compte de résultat (qui agrège les entrées et sorties de fonds pendant une période donnée), alors que les secondes se retrouveront directement au bilan (qui donne, lui, la photographie du patrimoine à un moment donné).

Un business plan digne de ce nom doit dès lors disposer d’informations sur ces deux volets.

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Bilan de départ, plan de financement

Commençons par le plus simple, le bilan, sachant que pour un grand nombre d’ASBL, le bilan de départ se résumera surtout à une collection de zéros !

Il s’agit donc de l’état, ici projeté, du patrimoine de l’association. Qu’allons-nous y trouver ?

Actif (affectation, emplois) Passif (origine, ressources)
Immobilisations (bâtiments, équipements, machines, mobilier, …) Capital (de départ)
Créances (clients) Provisions (surplus réservés)
Stocks (matières premières, produits finis) Dettes à plus d’un an (emprunts, banques…)
Trésorerie (cash et compte) Dettes à un an au plus (fournisseurs…)

 

A l’actif, qui reprend les affectations de ressources (on dit aussi : les emplois), on trouvera :

  • les immobilisations, issues des investissements et reprises ici à leur valeur nette, après amortissements : les locaux, s’ils sont à vous, les machines, l’équipement de bureau…Pour les associations plus spécifiquement engagées dans un processus de transformation, ces immobilisations pourront être importantes ;
  • des créances : il ne devrait pas y en avoir au départ, mais il en viendra peut-être ensuite quand l’ASBL aura reçu des promesses de subsides, avant de les percevoir ;
  • des stocks de matières premières, spécialement pour les associations transformatrices, mais aussi dans certains services, dans le domaine de la santé par exemple. Pour celles engagées dans un processus de vente, on trouvera aussi des stocks de produits finis ;
  • des disponibilités en cash ou en compte, qui matérialiseront la différence entre le total des ressources et le total du reste des emplois.

Au passif, qui reprend l’origine des moyens (on dit aussi : les ressources), on trouvera d’abord

  • le capital de départ, qui n’est pas légalement imposé pour les ASBL, mais qui sera pourtant bien utile pour couvrir les immobilisations et les stocks dont on vient de parler, ainsi que la trésorerie de départ, sur laquelle on reviendra plus loin ;
  • des provisions, dégagées grâce aux excédents de recettes sur les dépenses courantes, et qui apparaîtront à la clôture du compte. Ces provisions complèteront utilement le capital de départ, le plus souvent compté juste ;
  • des dettes, que ce soit à long terme auprès des banques, de tiers ou encore de membres, ou encore à court terme, vis-à-vis des fournisseurs notamment. Au départ, ceci ne représentera pas grand-chose, sauf si des membres ou la commune, par exemple, acceptent de mettre la main à la poche pour lancer l’ASBL, mais entendent récupérer leur mise de fonds par la suite.

Trois remarques :

  1. Ce tableau indique donc l’origine des ressources que l’ASBL va mettre en œuvre pour exercer son activité, et l’emploi qu’elle va en faire. Lorsqu’il porte sur le bilan de départ, on le désigne aussi par plan de financement.
  2. Bien entendu, les rubriques qui composent l’actif et le passif du bilan devront être détaillées en suivant le plan comptable que vous aurez utilisé pour établir vos prévisions.
  3. Ces rubriques ne sont pas placées au hasard dans ce tableau, mais selon un ordre logique qui, de haut en bas, va, pour l’actif, du moins liquide au plus liquide, et pour le passif, du moins exigible au plus exigible. L’importance relative de ces rubriques détermine le niveau de sécurité financière de l’association.

Croissance et sécurité, il faut choisir

Au départ en effet, le bilan de l’ASBL pourrait se résumer au capital de départ, matérialisé par du cash. Une situation de sécurité maximale, puisque rien n’est exigible par des tiers, et que l’association est de son côté totalement liquide : en revanche, elle est aussi à l’arrêt. Pour lancer des activités, l’ASBL devra forcément acquérir quelques outils et fournitures : elle sera du coup moins liquide, et un peu moins à l’aise pour répondre aux demandes de paiement émanant de tiers. Et si, pour aller plus vite, elle a recours au crédit plutôt que d’attendre d’avoir pu constituer des provisions, elle s’exposera encore un peu plus au risque en augmentant l’emprise potentielle de tiers sur le patrimoine de l’association.

Le challenge qui se pose aux dirigeants d’ASBL sera donc d’arbitrer entre croissance et risque. Ces développements font l’objet d’abondantes analyses, qui dépassent largement le cadre de cette notice.

Pour l’heure, observons simplement qu’un minimum de trésorerie doit être disponible pour pouvoir lancer l’activité en couvrant les premières dépenses, et ce d’autant plus qu’il y aura forcément un délai entre ces dernières et les premières recettes.

Du bilan de départ au bilan pluriannuel

Il conviendra de placer dans ce tableau la valeur des équipements (locaux, machines, …) et des stocks nécessaires que vous aurez déterminés au préalable, ainsi que les fonds (le capital, même si ce n’est pas légalement imposé) que vous estimez devoir réunir et le montant des emprunts que vous pensez pouvoir contracter. Avec, comme solde, une trésorerie qui devra rester positive, sinon, oubliez votre projet.

Le minimum est de disposer de ce plan au départ de l’association, mais il serait bon de prévoir aussi ce qu’il pourrait être devenu au terme des exercices suivants. En effet, les résultats prévus pour les comptes annuels vous permettront, s’ils sont

  • positifs, de compter sur des surplus qui rendront possible la constitution de provisions s’ajoutant au capital de départ,
  • négatifs, de déterminer ce qu’il vous manque de financement pour assurer la continuité de l’association au-delà du premier exercice.

Ceci vous permettra, par exemple, de déterminer si

  • constituer des provisions est indispensable, ou non,
  • un endettement est utile à court terme, ou à éliminer à terme,
  • la trésorerie doit ou non être renforcée.

Nous décrirons dans la leçon suivante la manière dont les comptes annuels impactent le bilan, et nous vous proposerons de revenir ici après être passé sur celle-là.

Dans l’idéal, l’exercice devrait être répété jusqu’à l’année où votre association aura atteint sa vitesse de croisière, càd jusqu’à ce que les comptes annuels aient atteint un équilibre stable. Il est dès lors préférable de reporter les valeurs, que vous détaillerez suivant le plan comptable qui vous aura servi pour vos prévisions, dans un tableau où les années successives se présentent en colonnes. Dans la pratique, 3 ans parait un bon chiffre : au-delà, l’exercice devient vite périlleux, parce que les conditions, y compris celles de votre ASBL, ont une fâcheuse tendance à changer, et à changer vos plans.

Bilan prévisionnel Départ Fin d’année 1 Fin d’année 2 Fin d’année 3
Actif        
Immobilisations        
Créances        
Stocks        
Trésorerie        
Passif        
Capital        
Provisions        
Emprunts à plus d’un an        
Emprunts à un an au plus        

 

Si vous êtes en demande de plus d’explications sur ces rubriques ou de conseils d’optimisation, reportez vous à l'article "Comment réaliser le bilan de votre ASBL ?" et au webinaire consacré à la résilience financière, disponible en replay sur ce lien.